Éducation non genrée, non sexiste, ou égalitaire, autant de noms pour une même démarche : permettre à l’enfant d’être lui-même et lui proposer des activités variées, indépendamment de son sexe.
Les points à retenir
- Nous traitons souvent les petits garçons et les petites filles différemment à cause des stéréotypes de genre.
- L’éducation genrée donnée aux enfants va nourrir les inégalités entre les hommes et les femmes à l’âge adulte.
- En se conformant aux normes sexistes qu’on leur propose, les enfants vont s’inscrire dans des rôles inégalitaires entre les hommes et les femmes tout au long de leur vie.
Qu’est-ce que l’éducation genrée ?
Sans que nous en soyons conscients, nous traitons souvent les petits garçons et les petites filles différemment. On attend, par exemple, d’une petite fille qu’elle soit sage et collaborative, d’un petit garçon qu’il garde ses émotions pour lui-même et soit entreprenant et sportif.
Ces attentes sont les conséquences des rôles ou des stéréotypes de genre, c’est-à-dire la construction sociale de ce que c’est qu’être un homme ou une femme. Ces rôles ne sont pas innés et ne se fondent pas sur une distinction biologique : ils sont une part de notre héritage culturel.
Ces stéréotypes de genre interfèrent dans nos interactions avec les enfants. C’est ce que l’on appelle « l’éducation genrée », qui va nourrir les inégalités entre les hommes et les femmes à l’âge adulte, car elle définit d’emblée pour l’enfant un monde des possibles dont le périmètre et le contenu varient en fonction du sexe.
Quelles sont les conséquences d’une éducation genrée ?
Dès l’âge de 4 ans1, les enfants associent le pouvoir et la domination à la masculinité, en France comme en Norvège, au Liban ou en Suisse. Cela témoigne du poids des stéréotypes dès le plus jeune âge. Ceux-ci auront des répercussions tout au long de la vie : sur l’ambition et l’orientation professionnelles, mais aussi dans les schémas de couple, etc. En se conformant aux normes sexistes qu’on leur propose, les enfants vont s’inscrire dans des rôles inégalitaires entre les hommes et les femmes.
Qu’est-ce que l’éducation non genrée ?
Éducation non genrée, non sexiste ou égalitaire, autant de noms pour une même démarche : permettre à l’enfant d’être lui-même et lui proposer des activités variées, indépendamment de son sexe.
Une éducation non genrée laisse l’enfant exprimer son caractère individuel et ses talents sans chercher à le faire se conformer à ce que l’on pense que doit être un garçon ou une fille.
Selon ce principe, les petites filles peuvent faire du rugby, même si la société considère en général que c’est un sport de garçon, et les petits garçons peuvent jouer à la poupée. Le sexe ne détermine pas le goût ou l’aptitude pour une activité. Il faut donc permettre à l’enfant d’essayer, d’expérimenter.
Quelques conseils pour éduquer un enfant de manière non genrée
- Prendre conscience de ses propres stéréotypes, de comment ils affectent l’image de soi et la manière dont on agit : c’est une première étape nécessaire pour pouvoir interagir de manière plus ouverte avec l’enfant.
- Le modèle de l’enfant : les enfants reproduisent le comportement de leurs parents et des adultes qui les entourent. Ils observent : un homme qui exprime son affection à ses enfants et à son/sa conjoint·e, une femme qui fait du sport et bricole, cela fait déjà beaucoup !
- Les mots : « lancer comme une fille », « être une chochotte », « garçon manqué ». Les expressions créent une hiérarchie entre les filles et les garçons. L’usage du masculin comme universel neutre aussi. Il n’y a pas que des lions, il y a aussi des lionnes.
- Les jouets : la diversification permet à chacun de faire ses propres expériences ! Pourquoi pas un poupon pour votre petit-fils ? Pourquoi pas des petites voitures pour votre fille ? L’idée n’est pas de forcer l’enfant à aimer à tout prix ces jeux, mais de ne pas les exclure a priori, de lui permettre d’essayer, puis son goût personnel fera le reste.
- Les livres : être attentif aux récits et à la manière dont les hommes et les femmes sont représentés. De plus en plus de maisons d’édition produisent des histoires non sexistes, dont les femmes sont les héroïnes (ce qui est très largement minoritaire aujourd’hui), où elles ont des rôles actifs, où les petits garçons ont accès à des modèles de masculinité divers.
Sources :